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Amapola - Le blog d'Olivier Sebban
27 décembre 2009

A Propos NEW-YORK

USA_077New-York me fascine. Cette cité dont je rêve depuis l’enfance, à l’époque où je regardais de vieilles photos du pont de Brooklyn datant du XIXème siècle, me considérant sans doute comme un migrant potentiel, un déraciné paradoxal, n’a cessé d’exercer sur mon imaginaire une invitation à déguerpir. Les rues encombrées de charrettes à bras du Lower East Side, les tenements en briques et leurs escaliers métalliques, leurs appartements surpeuplés, le quartier juif ou Italien, Ellis Iland, les histoires d’émigrants ont toujours eut une résonance particulière dans l’idée que je me fais d’un impossible 800px_Mulberry_Street_NYC_c1900_LOC_3g04637u_editretour au foyer. Si cette ville a toujours cristallisé l’idée de départ, de nouveauté totale, elle a souvent engendré la recréation d’une patrie quittée dans des conditions difficiles, idéalisée dans la distance. L’exil favorise la réinvention de ses origines, et la concentration ethnique, même l’espace d’une génération, fabrique un nouvel enracinement. Le génie de New-York tient sans doute à cela. Les populations se déplacent, opèrent un retour sur leur identité, puis se dispersent grâce à la forte mobilité sociale américaine, qui fonctionne, malgré la misère et les épreuves. Il y a, pour nous français, à l’heure où nous nous contractons autour de débats identitaires oiseux, une vraie leçon à tirer de cette expérience. Un descendant de migrant américain, lorsqu’il quitte sa condition, ne fait pas retour au pays des origines pour fouiller son passé, mais au quartier dont sont sortis ses parents. On ne peut rêver, par ici, chose plus étrange. Verrait-on des banlieusards retourner dans leurs cités pour respirer l’odeur de la rue ? Je peux vous certifier, ayant vécu mon enfance entre un immeuble planté au bord d’une autoroute, aux confins de l’une des pires banlieues françaises, et une Espagne lumineuse, que je n’éprouve aucun plaisir, quand je retourne par hasard au bord de ma quatre voix.

Mobilité Sociale : ne pas négliger cela, car l’identité se fait dans la reconnaissance et non sous la menace, sans perspectivenewyork_paulineperetz de hisser sa vie hors du marasme. Bien-sûr on pourra m’objecter que je passe sous silence la condition des noirs américains ou des indiens. Non je ne la nie pas. Il s’agit toujours d’un échec considérable et les afro-américains, malgré l’élection d’Obama, restent encore les laissés-pour-compte d’un système souvent très dur, mais ou les perspectives existent.

Bref, j’ai donc eu la chance de parcourir récemment et pour la première fois cette ville. Grâce à ma compagne et à deux amis américains. Les chinois, pourtant présents depuis longtemps sur la côte Ouest, ont remplacé les juifs autrefois chassés par les pogromes et la misère, les porto-ricains, les Irlandais chassés par la famine et la maladie de la pomme de terre. Ils travaillent avec la même ferveur que leurs prédécesseurs. New-York, c’est le monde entier et le monde entier se fond dans cette cité depuis son origine. Je ne saurais trop vous recommander la lecture de : New-York, histoires, promenades anthologie et dictionnaire, une somme remarquable, dirigée par Pauline Peretz. Des strates d’histoires se confondent à New-York. Certes, cela n’a jamais été sans heurts, je le répète, mais cette ville, d’une incroyable beauté, génère toujours une énergie incomparable avec le Paris d’aujourd’hui. Pour un écrivain, il n’y a pas meilleur creuset qu’une mégapole encore vivante, ou tant d’histoires se rencontrent et se heurtent. De ses heurts, de ses soubresauts, peut naître la littérature.USA_124     

 Conseils de lecture : La trilogie de Dos Passos bien-sûr. Ragtime de Doctorow ou Billy Bathgate du même auteur. La trilogie New-Yorkaise de Paul Auster.  
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Commentaires
O
Les quartiers populaires de Paris n'existent pratiquement plus malheureusement. Réhabiliter un quartier consiste à le rénover, augmenter les loyers de façon exponentielle pour en évincer la population, la remplacer par des habitants aisés, uniformes et conformes. Paris dort, ce qui trompe l'ennui lorsqu'on y revient, c'est sans doute sa beauté. Je suis né dans cette ville, mais aujourd'hui, il n'y a pas de comparaison possible avec Séville, Madrid ou Berlin par exemple. Les gens y sont bien plus sympathiques, plus ouverts et beaucoup moins agressifs, moins individualistes et imbus d'eux-mêmes. J'espère que changera... <br /> <br /> Merci pour vos réactions !
I
Il est triste, en effet, de voir Paris se dégonfler, devenir mythe d'elle-même, parasite d'elle-même. Je ne connais pas New-York. Une seule chose toutefois, me permet de saisir votre enthousiasme : le souvenir des villes immenses d'Amérique du Sud, si étendues que l'on dirait que le monde entier s'y est échoué. Paris prend la pose, quand New York, Sao Paulo et Buenos Aires vivent et créent.
D
Une perspective très intéressante et bien qu'il ait, certes, des leçons a tirer de la dynamique de New York, surtout en rapport avec cette infâme idée d'"identité nationale," je ne suis pas entièrement d'accord avec certaines comparaisons. Paris a(vait) également des quartiers (La Goutte d'Or, Belleville, Chateau Rouge, etc) ou ce même sentiment de "home away from home" existait (existe encore?). Je crois que certains y serait volontiers retournés pour les mêmes raisons que les minorités new yorkaises visitent ces quartiers ethniquement marqués. Par contre, votre situation en bord de quatre-voies s'apparente davantage aux quartiers actuels des inner-cities, et la, permettez-moi de douter d'un retour volontaire ou nostalgique de ceux qui en sont sortis. Or at least, that's my take on it.<br /> Je partage votre enthousiasme pour l'historique de ces quartiers new-yorkais. C'est absolument passionnant et fascinant. Je me fais moi-même un point d'honneur a essayer de visiter les cinq "boroughs" a chacun de mes passages dans la "Big Apple" afin de découvrir la richesse inépuisable et l'incroyable diversité de cette metropolis. <br /> C'est peut-être parce que je suis loin de Paris depuis longtemps (et comme vous le dites, l'imagination prend souvent le dessus sur les souvenirs) mais j'ai parfois l'impression que l'on ne voit plus les intarissables sources de savoir qui sont a notre portée, sous notre nez. Sans jouer l'avocat du diable et sans sarcasme aucun, j'ai envie de dire: regardez-bien, je crois que Paris a encore beaucoup a offrir (enfin, c'est ce que je ressens lorsque j'y passe un ou deux jours tous les ans).<br /> Merci en tout cas pour cette belle peinture de votre expérience, ça me donne très envie de continuer l'exploration de cette ville - New York, that is!
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